Voilà déjà deux ans que le régime des Mollah a réprimé les manifestations pacifiques en Iran (juin 2009). La semaine dernière Arte consacrait de nombreux reportages à la révolution verte pour commémorer le tragique anniversaire d’une répression qui fut sanglante. Pour rappeler quelques faits essentiels, les manifestants étaient sortis dans les rues de Téhéran suite à l’annonce de la réélection du Président M. Ahmaninejad; réélection soupçonnée de fraude. Au départ ils réclamaient un recompte, des votes (on se rappelle du slogan "Where is my vote") toujours pacifiquement. Face à eux, les tenants du régime régime (le Guide suprême et ses partisants) ont donné l’ordre aux miliciens de réprimer violemment la contestation, sans exceptions ni demi-mesure. Les slogans des manifestants se sont transformés en "à bas la dictature" et leur mouvement en contestation du régime.
Il existe plusieurs niveau pour qu’un régime se maintienne en place et fasse autorité (A. Gramsci). A niveau optimal, le régime n'est pas questionné parce que son autorité est perçue comme naturelle. A un moindre niveau de stabilité, un régime fait autorité parce qu'il évolue dans le cadre d'un Etat de droit. Les démocraties appartiennent à l'un de ses deux niveaux d'autorité. Mais un régime peut avoir recours à l’utilitarisme et même la coercition en dernier recours. Ces deux dernières formes correspondent à des formes de régimes moins modernes que les deux premières pour obtenir l’allégeance des citoyens/sujets.
En devant recourir de manière aussi massive à la coercition, la République Islamique d’Iran a démontré sa fragilité puisque qu’il ne lui reste aucune autre cartouche pour survivre en cas d’échec. C’est un dernier recours qui ne peut être tenable dans la durée. La question est à la fois celle de l’échelle de temps et celle du comment. Si le divorce entre le peuple et le régime a bel et bien a été consommé, combien de temps encore l’édifice peut-il tenir ? Parle-t-on d’un changement dans les dix prochaines années ou à plus long terme ? Et comment le peuple peut/doit-il assener le dernier coup de grâce ? Car la répression a été efficace et le régime dispose encore de forces vives et endoctrinées en grand nombre, infiltrés dans toutes les couches de la société civile (entre plusieurs centaines de milliers et huit millions de membres).
Aujourd’hui, on rencontre des avis partagés entre les politologues, journalistes, artistes iraniens, exilés, militants etc... Mais l’écart entre pessimistes et optimistes se mesure en fait souvent à l’aune des différentes échelles de temps qu’ils ont à l’esprit. Une chose est sûre, 70% des 70 millions d’Iraniens ont moins de 30 ans, sont éduqués et font désormais partie d’une génération qui a pu goûter quelques instants à la démocratie. Et puis rapelons nous de la dictature Pahlavi, elle avait chuté de manière brutale, en pleine apogée de la répression politique du régime.