Jun 15, 2011

Juin 2009 - anniversaire d'une tragique répression




Voilà déjà deux ans que le régime des Mollah a réprimé les manifestations pacifiques en Iran (juin 2009). La semaine dernière Arte consacrait de nombreux reportages à la révolution verte pour commémorer le tragique anniversaire d’une répression qui fut sanglante. Pour rappeler quelques faits essentiels, les manifestants étaient sortis dans les rues de Téhéran suite à l’annonce de la réélection du Président M. Ahmaninejad; réélection soupçonnée de fraude. Au départ ils réclamaient un recompte, des votes (on se rappelle du slogan "Where is my vote") toujours pacifiquement. Face à eux, les tenants du régime régime (le Guide suprême et ses partisants) ont donné l’ordre aux miliciens de réprimer violemment la contestation, sans exceptions ni demi-mesure. Les slogans des manifestants se sont transformés en "à bas la dictature" et leur mouvement en contestation du régime.



Il existe plusieurs niveau pour qu’un régime se maintienne en place et fasse autorité (A. Gramsci). A niveau optimal, le régime n'est pas questionné parce que son autorité est perçue comme naturelle. A un moindre niveau de stabilité, un régime fait autorité parce qu'il évolue dans le cadre d'un Etat de droit. Les démocraties appartiennent à l'un de ses deux niveaux d'autorité. Mais un régime peut avoir recours à l’utilitarisme et même la coercition en dernier recours. Ces deux dernières formes correspondent à des formes de régimes moins modernes que les deux premières pour obtenir l’allégeance des citoyens/sujets.
En devant recourir de manière aussi massive à la coercition, la République Islamique d’Iran a démontré sa fragilité puisque qu’il ne lui reste aucune autre cartouche pour survivre en cas d’échec. C’est un dernier recours qui ne peut être tenable dans la durée. La question est à la fois celle de l’échelle de temps et celle du comment. Si le divorce entre le peuple et le régime a bel et bien a été consommé, combien de temps encore l’édifice peut-il tenir ? Parle-t-on d’un changement dans les dix prochaines années ou à plus long terme ? Et comment le peuple peut/doit-il assener le dernier coup de grâce ? Car la répression a été efficace et le régime dispose encore de forces vives et endoctrinées en grand nombre, infiltrés dans toutes les couches de la société civile (entre plusieurs centaines de milliers et huit millions de membres).

Aujourd’hui, on rencontre des avis partagés entre les politologues, journalistes, artistes iraniens, exilés, militants etc... Mais l’écart entre pessimistes et optimistes se mesure en fait souvent à l’aune des différentes échelles de temps qu’ils ont à l’esprit. Une chose est sûre, 70% des 70 millions d’Iraniens ont moins de 30 ans, sont éduqués et font désormais partie d’une génération qui a pu goûter quelques instants à la démocratie. Et puis rapelons nous de la dictature Pahlavi, elle avait chuté de manière brutale, en pleine apogée de la répression politique du régime. 

Le Zero et l'infini, A. Koestler / Le Vertige, E. Guinzbourg

Depuis l’année dernière, je suis rentrée dans un cycle de lectures traitant de la seconde guerre mondiale, du régime nazi ou de la Russie soviétique. Je ne crois pas que l’on puisse parler d’obsession, mais la découverte d’une perspective entraîne irrémédiablement vers le désir d’en explorer d’autres. Et lorsqu’à un témoignage historique poignant et une réflexion philosophique sur l’Homme, s’associe un talent d’écrivain, ces œuvres invitent forcément à d'autres lectures.


J’ai commencé par lire le Zéro et l’Infini d’Arthur Koestler, un homme qui aura eu mille vies racontées dans ses œuvres. Arthur Koestler publie Le Zéro et l’Infini en 1940, dans lequel il critique le communisme soviétique, auquel il avait pourtant adhéré en entrant au PC allemand en 1931 mais qu’il quitta en 1938, suite aux procès de Moscou. Son récit est riche de son expérience et de sa connaissance de l’URSS stalinienne (entre 1931 et 1938 Koestler voyagea de nombreuses fois en URSS). Le Zéro et l’Infini relate le parcours de Roubachof, un responsable communiste victime de l’épuration stalinienne après avoir été lui-même inquisiteur lors des procès de Moscou. L’ironie de sa situation souligne l’absurdité du système que Koestler veut dénoncer. Au-delà d’une critique du stalinisme, c’est le totalitarisme que Le Zéro et l’Infini dénonce. Au travers de son personnage, l’auteur délivre une réflexion approfondie sur les fondements d’un système attractif (dans lequel il a lui-même eu foi) et en démontre l’incompatibilité avec la nature humaine. Roubachof aurait pu être Koestler. Dans les dernières pages du livre Roubachof se remémore ses propres écrits: 
« « Notre seul principe directeur est celui de la conséquence logique, nous naviguons sans lest moral. »  Peut être le cœur du mal était-il là. Peut être qu’il ne convenait pas à l’humanité de naviguer sans lest. »



Plus récemment, c’est le premier tome du Vertige d’Evguenia S. Guinzbourg dont j'ai achevé la lecture. Membre du parti communiste, elle a fait partie des nombreuses victimes des purges staliniennes. Comme beaucoup, elle n’est absolument pas coupable des crimes politiques dont elle est accusée. Le premier tome raconte son arrestation en février 1937, sa détention en cellule d’isolement, puis son arrivée et premiers pas au camp de la Kolyma (en Sibérie) où elle survivra dix années.  Le second tome (que je n’ai pas encore lu) relate ces dix années passées au goulag. Elle sera libérée et réhabilitée en 1947. Evguenia S. Guinzbourg est une femme éduquée, professeur d'histoire à l’Université et communiste convaincue. Communiste, elle le restera jusqu’au bout (comme beaucoup des autres détenues que l’on rencontre dans le livre), comprenant bien qu’elle est victime d’une dérive et non pas de l’idéologie communiste. C’est son intelligence et sa capacité à faire la part des choses, à deviner les machinations politiques malgré l’isolement de sa détention qui rendent son récit si intéressant. Son témoignage est bien différent de l’œuvre de Koestler ; cette dernière est une fiction tout d’abord, mais elle est surtout beaucoup plus critique et se situe à un autre niveau d’analyse dont l'objectif est de saper le totalitarisme. Koestler veut faire la lumière sur l'annihilation de l’individu (le zéro) dans un système totalitaire (l'infini). Guinzbourg témoigne, nous donne des faits vécus de l’intérieur et  l’accent est moins sur l’analyse philosophique que sur le ressenti personnel face à ce système qui écrase tout.


Je mets ce parcours littéraire un peu en pause, mais les prochaines étapes projetées seront de lire le second tome du Vertige ainsi que Vie et Destin de Vassili Grossman (également sur la Russie soviétique).

Jun 10, 2011

Résidences sécurisées, la prolifération des « gated communities »

Hier, France 2 diffusait dans Envoyé Spécial un reportage sur le développement « gated communities » en France. Ce système de résidences avec portail électrique, digicode et surveillance vidéo vient des Etats-Unis mais s’est exporté en France il y a une trentaine d’années sous l’action de promoteurs immobiliers qui avaient flairé un nouveau marché. Ils ne s’étaient pas trompés, répondant aux besoins d’une classe moyenne en mal d’ascension sociale, le concept a rapidement proliféré - essentiellement dans des villes du Sud de la France.

En visionnant ce reportage, j’ai été assez alarmée par ce nouvel amour des Français pour les clôtures et les séparations qui nous en dit long sur l’état actuel de notre société. Il faut reconnaître que les journalistes traitaient leur sujet en ayant déjà pris partie - comme souvent dans Envoyé Spécial – mais c’est indépendamment de ce biais que je pense également que les résidences sécurisées sont de nature problématique. Ou plus précisément, ce sont les motivations des personnes qui choisissent de s'isoler qui  sont  inquiétantes.

Hypocrisie ? J’ai moi-même vécu les premières années de ma vie uniquement dans des « gated communities » à Singapour. Ce point soutient en fait mon argument. En effet, il ne s’agit pas d’être pour ou contre le concept de résidence clôturée en soi, mais d’en analyser les motivations et les effets. Le cas de Singapour semble différent en au moins deux points. D’abord parce que  ce mode de résidence résulte moins d’un choix personnel que d’un manque d’alternatives (ces résidences, ou condominiums, sont extrêmement répandues). Ensuite parce que les communautés vivant dans ces résidences n’incarnent ni n’approfondissent une fracture sociale. 

Je ne généralise donc pas mon propos et c’est essentiellement des résidences visant à séduire les classes moyennes dont je parle. Ces résidences sont une version plus modeste et donc sensiblement plus abordables du modèle grand luxe dont elles s'inspirent. Classe moyenne, classe moyenne… nous sommes d’accord cela ne veux rien dire et la définir n’est pas un problème nouveau en sociologie, notamment en sociologie politique. Mais c’est précisément ce flou qui je crois explique un besoin de créer une apparence d’ascension sociale, de se distinguer du plus pauvre que soi par tous les symboles possibles - et surtout accessibles. A défaut de pouvoir radicalement changer de lieu de vie et de classe, il suffit de quelques transformations pour acquérir de nouveaux privilèges dont l’autre est exclu : l’accès privatisé à une piscine ou encore l’appartenance à une communauté sélectionnée par le loyer 20 à 30% plus élevé qu’à côté. Nuançons un petit peu, dans certaines régions de France (le Sud) elles peuvent être si répandues que les individus n'ont en fait pas le choix de vivre ailleurs qu'en résidences sécurisées.

En somme, nous faisons face à une nouvelle expression d’un phénomène de mimétisme social qui n’est pas du tout inédit. Alors pourquoi serait-ce plus inquiétant qu’une autre forme prise dans le passé ? Ce qui m’alarme ici c’est la peur de l’autre et de ce qui est différent, alors que notre société se diversifie et tandis que l’agenda politique et médiatique conforte ces opinions. La question est un peu celle de la poule et de l’œuf, est ce le discours politique qui crée la peur ou s’agit-il de récupération politique ? Je penche plutôt pour la seconde option, les phénomènes sociaux se développent à des échelles de temps bien plus grandes que celle du rythme de la vie politique. En revanche, certaines manières de traiter des thèmes comme la sécurité et l’immigration supportent et alimentent la peur de l’autre. C’est bien dommage, les effets électoraux sont peut être positifs  pour ceux qui tiennent ce discours mais les solutions assez peu constructives. En quoi confirmer aux individus qu’ils ont raisons de s’isoler et choisir de vivre uniquement avec des gens qui leur ressemblent peut-il apporter la cohésion sociale dont nous avons tant besoin ?

Ce qui m’inquiète aussi, c’est la difficulté de revenir en arrière dans le cas d'une mauvaise gestion de l’urbanisme social. Prenons l’exemple des barres d’immeubles dans les cités, « mauvaise idée » a-t-on finit par dire. Il aura fallu trente ou quarante années pour envisager une nouvelle génération de logements sociaux.  D’autant plus qu’il s’agit ici de résidences privées sur lesquelles la puissance publique n’a plus son mot à dire après avoir accordé leur construction.


Un autre problème que cette mode révèle est notre effrayante incapacité à vivre en société. Il semble qu’il faille s’isoler pour se sentir suffisamment à l’aise pour créer du lien social avec son voisin. Dans le reportage d’Envoyé Spécial, une résidence plutôt destinée aux retraités actifs (c'est-à-dire valides) nous montre bien que dans un contexte normal ces personnes ne se sentent ni prises en charges, ni en sécurité. Une des personnes qui témoigne parle de personnes pour qui la vie en résidence s’était mal passée et qui ont fini par partir, «  ces gens ne savaient pas vivre en société. » Paradoxe, c’est la société qui isole et l’isolement qui met fin à l'état de nature. Peut être faut-il ne nouveau rapprocher cette aberration de la peur d’autrui. C’est un problème et c’est une erreur de croire que vivre reclu avec ses pseudo-semblables permet de créer un environnement plus sécurisé. Les racines de ce sentiment sont beaucoup plus profondes et demain naîtra un nouveau critère pour se sentir différent du voisin. En attendant les promoteurs immobiliers peuvent s’en lécher les doigts, ils ont trouvé la formule magique qui permet de transformer la peur en or.

Lien: http://envoye-special.france2.fr/les-reportages-en-video/le-boom-des-residences-securisees-9-juin-2011-3527.html

New direction

The frog is no longer in Philly. Does it mean the blog should be ended? According to its name, yes. But I still feel inspired to write and I thought that if I decided to give a new direction and purpose to this blog, it could survive.

But first, a few words about the end of my experience in Philly. I had an amazing time and of course I was very sad to leave. But I have no regrets and could not think of any ways I could have taken more advantage of Penn and Philly. I have learned a lot and most important, I met new friends that I know I will see again. Being sad is the ultimate expression of how happy I have been there.

At the same time, I am excited at the idea of going back to Paris and resuming a life I also felt was more fulfilling at some levels. Living on a campus keeps you sealed in a bubble and I often felt disconnected from real life. However this is also why I enjoyed my experience at Penn so much: when will I ever be able to be so mindless without impacting any serious consequences? This state of mind was an enjoyable one, I only had to focus on my courses and social life. But had it not been temporary maybe I would have panicked a little bit when noticing I was gradually becoming apathetic. Campus tends to turn you into an even more self-centered individual, this effect is almost like gravity on bodies, except that it's not totally impossible to subtract yourself from it (though it takes a lot of effort).

As I have now left my cosy philadelphian bubble and attempt to reconnect with reality, it seems almost logic for afroginphilly to become an opinion blog. I want to write about what struck me in the news, books I have read and movies I have seen. Sometimes I will feel more like writting in French and sometimes it will make more sense to write in English.

The frog

Mar 13, 2011

Mont Royal



A 45 minutes hike will bring you on top of Mont Royal. It isn't very high so don't expect a breath taking view, but it's a lot of fun to walk up there while remembering you are at the center of a big city.



Lac des Castor - Beaver Lake


 
Renting ice skating shoes will cost you 8$ for 2 hours. It was my first time skating on a real frozen lake.

Poutine, calories to fight the cold

If I were to describe Poutine, a typical Canadian dish, you would probably not want to try it out. Poutine is made of french fries covered with gravy sauce and unmelted cheese. If you were to see it, you would probably still not be very tempted. Let's be honest, it looks disgusting :

La poutine classique

It is much more tempting when you are escaping negative temperatures and are hungry . It also looks better in real than on that pictures.  

Poutine making me happy
La Banquise
 My friend tool me to La Banquise on the Plateau, known to make the best poutine in Montreal.
La Banquise, 994, Rachel Est, Montréal

Le vieux Montreal and Saint Laurent River






Walking by the Saint-Laurent river made me feel like in a video game, with the unusual architecture and the desolate appearance he old industrial warehouses covered with snow.